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23 septembre 2023 à 9 h 54 min #17372
Bonjour à toustes.
Petit contexte : depuis maintenant dix ans, j’ai ouvert une entreprise de soutien scolaire qui s’agrandit de plus en plus. Nous traitons essentiellement des troubles d’apprentissage (dys, TDA/H, TSA, troubles sociaux, et tellement d’autres). Je suis psycho-pédagogue (psychologue des apprentissages), formé en Belgique, je travaille donc en France. Pour moi, le but de cette formation est de refaire un point sur mes connaissances cliniques que je n’ai plus utilisée depuis des années mais aussi de pouvoir suivre d’une façon différente. Vous imaginez bien que je vais donc me spécialiser dans la psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent.
Dans ma pratique, on me demande de prébilanter avant d’envoyer vers le professionnel adéquat.
Ma réflexion :
J’éprouve de plus en plus de difficultés à aller au delà de la résistance du parent.
Ce soir, je reçois en rendez-vous de suivi une maman qui pense que son fils « a un problème ». Mon bilan psycho-péda conclut à un profil doublement exceptionnel (donc HPI et TDA/H) avec un trouble oppositionnel avec provocation.
Maman ne veut pas entendre les outils proposés : l’un est de déplacer la frustration de son enfant vers un objet plus sain (il a tendance à s’en prendre à sa fratrie)
S. est un petit garçon adorable, l’évaluation des apprentissages s’est bien passé, je n’ai eu qu’à mettre des cadres de sécurisation suffisamment fermés pour que les troubles oppositionnels se réduisent.
Ma question :
Comment aller au delà de la résistance du parent qui ne veut pas entendre les outils proposés ?
Éprouvez-vous, vous aussi, de plus en plus de résistance de la part du parent, dans vos pratiques avec les mineurs ?
Je viens de terminer l’étude du deuil, je me demandais si je pouvais utiliser le suivi du deuil dans la perte « de l’enfant idéal » ?
Bref, la pratique est difficile quand l’enfant ne peut décider par lui-même.
(Je m’excuse d’avance pour le roman et des fautes de langue, je n’en suis qu’à mon deuxième café)
Belle journée à toustes 😊
23 septembre 2023 à 12 h 02 min #17374Bonjour Quentin,
Votre sujet est fort intéressant car les résistances parentales sont très fréquentes lors d’annonce de « mauvaises nouvelles » au sujet de leur enfant. Accompagner le parent comme l’accompagnement d’un deuil est tout à fait juste, c’est ce que l’on retrouve dans le cas d’annonce d’une maladie, ou d’un trouble du comportement mettant à mal l’équilibre familial ou effectivement d’un trouble scolaire souvent mis en avant par l’équipe éducative.
Le parent étant en deuil de son enfant idéal, il est important que le parent se sente acteur dans l’accompagnement de son enfant et se sente entendu dans sa difficulté pour limiter le sentiment de culpabilité et le sentiment d’être dépossédé de son rôle parental, qui entretiendrait la sensation d’être un « mauvais parent ». Ainsi, en plus des préconisations de forme d’apprentissage adapté, il peut être important de laisser le parent proposer des choses, quite à les adapter, pourquoi pas proposer à l’enfant et au parent de trouver des solutions communes à travers le jeu.
J’espère avoir pu vous éclairer et vous souhaite une belle journée
Audrey
23 septembre 2023 à 21 h 47 min #17375Bonjour, Audrey.
Je vous ai lue juste avant le rendez-vous et grâce à vos mots ici, et dans la formation, je me suis plutôt placé dans la position de l’écoutant plutôt que du professionnel des apprentissages : la conversation a été plus ronde et moins dans une approche de résultat par objectifs.
Étant donné que ce petit loulou pourrait avoir besoin d’accompagnement éducatif tant à l’école que pour la demande d’aménagements, j’ai conseillé un neuro-psychologue et j’ai laissé la porte ouverte à un accompagnement thérapeutique (individuel et familial) une fois que les bilans auront été émis.
Je les ai encouragés à voir la somme des petites évolutions positives plutôt que de relever le négatif qui prend trop de place dans la tête de maman qui monte en pression.
Tout à la fin de l’entretien, maman m’a souligné qu’elle « avait pété un cable » car elle avait peur pour son enfant, j’ai donc préféré lui souligner que c’était une bonne chose qu’elle verbalise ses moments de faiblesse, plutôt qu’elle voit ça comme un échec dans son mode éducatif : il n’y a pas de mauvais parent, chacun fait ce qu’il peut avec l’enfant qu’il a en face de lui. Chaque parent a aussi son histoire. La construction est mutuelle.
Cependant, je n’ai pas voulu aborder le travail du deuil aujourd’hui, je préfère attendre d’avoir le bilan du neuro avant d’effectuer un travail de reconstruction. En prenant du recul sur la situation, ça me semblait contre-productif de tenter un cheminement alors qu’aucun différentiel n’a été émis. J’espère que j’ai bien fait.
Encore merci pour votre supervision et vos éclairages. Cette formation marque un tournant dans ma pratique, ça fait du bien.
Quentin.
26 septembre 2023 à 11 h 49 min #17392Bonjour Quentin,
Merci pour ce retour et ce partage d’expériences. Je suis ravie si j’ai pu vous apporter une petite aide dans cet accompagnement. Pour ce qui est du travail d’accompagnement du deuil, je pense que vous avez bien fait d’attendre, j’ai pour habitude d’attendre « le feu vert » des patients qui souvent d’eux mêmes abordent la problématique lors de l’entretien et c’est comme un signe de leur part signifiant que c’est le moment.
Je vous souhaite une belle journée
Audrey
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