Étudiant(e)
Bonjour Audrey et le apprenants suivant cette formation,
Après l’étude des structures de personnalité, je m’interroge au sujet de la structure névrotique. Si celle-ci est inhérente, en autre, à l’intériorisation (refoulement plutôt) excessif des pulsions et désirs de l’être humain pour se conformer à la norme socio-culturelle, familiale ou encore religieuse, celui-ci peut-il fonctionner sur ce mode là sans présenter une pathologie invalidante au cours de sa vie ?
A l’inverse, la décompensation ou l’apparition d’un ou de plusieurs troubles psychiques dans cette structure là n’est-t-elle pas finalement un appel d’une renaissance salutaire pour le sujet en arrière fond de ses symptômes ?
J’entends par là que le sujet peut entrevoir sa réelle identité suite à ses symptômes en déconstruisant ses croyances ou fonctionnement limitants qui l’ont aidé jusque là à (sur)vivre et entrevoir/appréhender ses propres « richesses intérieures » tout en les rendant adaptatives au sein de la société auquel il appartient ?
Ce serait en cela que l’accompagnement thérapeutique prend tout son sens pour permettre au « consultant » de sortir progressivement du conflit interne qu’il anime dans cet excès de refoulement et trouver une voie dite du milieu plus acceptable pour lui dans le respect de soi mais aussi du milieu dans lequel il continuera d’évoluer.
Qu’en pensez-vous ?
C’est toujours un exercice délicat de poser mes questions à l’écrit. Je me rends compte que des exemples concrets me permettraient de mieux assimiler ces concepts très théoriques bien que très intéressants.
J’aurais peut-être dû poser mes questions dans la rubrique « échanges de pratiques » pour la 2 ème partie de mon message ?
Je vous remercie de votre attention et des riches échanges qui pourront éventuellement s’en suivre.
Bonne journée,
Marie
Équipe Théolis
Bonjour Marie,
Vos questions sont toujours riches en réflexions et du coup mobilisent la mienne, ce qui me réjouit car c’est un vrai plaisir pour moi de questionner ma pratique et avancer dans mes propres réflexions.
Pour répondre à votre première question, il me semble qu’une pathologie invalidante au cours de la vie d’un individu n’est pas une fatalité, par contre, vous avez raison sur le fait qu’il sera confronté à des situations qui vont le mobiliser et peut-être le fragiliser, et selon la personnalité, le vécu et l’entourage, ce sera l’occasion aussi de renforcer sa structure névrotique.
Pour ce qui est de la notion d’identité, il est assez difficile également de donner une définition universelle de cette dernière. L’essentiel est que le patient ne souffre pas de cette dernière dans sa façon de la vivre et d’être perçue. Les patients souffrent souvent davantage du regard qu’on porte sur eux que de leur propre regard ou façon de vivre les choses. C’est en ça que le thérapeute sera un véritable étayage de part son regard neutre et bienveillant, avec une acceptation inconditionnelle de son identité. Du coup, effectivement, l’accompagnement thérapeutique sera l’occasion pour le patient de se remobiliser en pouvant par exemple s’affranchir de certaines défenses ou encore en s’y ancrant davantage suite aux différents bénéfices secondaires ressentis.
J’espère à mon tour être suffisamment claire dans mes réponses
Au plaisir de nos prochains échanges
Bonne soirée
Audrey
Équipe Théolis
Bonjour à tous,
Les points que vous évoquez, Marie, m’ouvrent à diverses réflexions. Je laisserais Audrey corriger tous les aspects psychologiques qui lui semble mériter de l’être, n’étant pas moi-même un spécialiste du sujet.
Au sujet de la structure névrotique. Si celle-ci est inhérente, en autre, à l’intériorisation (refoulement plutôt) excessif des pulsions et désirs de l’être humain pour se conformer à la norme socio-culturelle
Il me semble que la névrose n’est pas nécessairement reliée à un « refoulement excessif » en soi mais plutôt à une stratégie d’adaptation. Si cette stratégie est excessive, sans doutes que des troubles psychologiques apparaissent sans tarder mais dans la plupart de cas, elle est la garante d’un certain équilibre de vie et d’une certaine continuité.
Sans canalisation claire et efficace de nos désirs et pulsions, dès le plus jeune âge, certains comportements passionnels ou pulsionnels nous auraient sans aucun doutes détruits. Il me semble que la question de l’identité se fonde plus sur le choix que sur le désir ou la pulsion (qui étayent les choix mais qui, bien canalisés, ne les contraignent pas nécessairement).
Audrey pourrait d’ailleurs m’éclairer sur ce point : La notion de refoulement (d’un désir, d’une pulsion), est-elle nécessairement liée à la notion de mise dans l’inconscient ? Refoule-t-on un désir quand on ne le choisis pas (qu’on se l’interdit ou se le refuse par exemple) mais qu’on en reste conscient ?
(…) celui-ci peut-il fonctionner sur ce mode là sans présenter une pathologie invalidante au cours de sa vie ?
Je poserais alors la question inverse : Celui qui n’aurait jamais renoncé à aucun désir ou pulsion peut-il fonctionner tout court ?
A l’inverse, la décompensation ou l’apparition d’un ou de plusieurs troubles psychiques dans cette structure là n’est-t-elle pas finalement un appel d’une renaissance salutaire pour le sujet en arrière fond de ses symptômes ?
Il me semble en effet que la décompensation marque la limite (ou les excès) de certains refoulements ou interdits. La décompensation est à mon sens, à tout le moins, un appel à changer certains aspect des interdits, impératifs, et choix contraignant. Faire de nouveaux choix en sorte et en ce sens, « renaître » ou se choisir différent.
Il me semble cependant illusoire de penser que l’on pourrait faire table rase de tous nos mechanismes de protection d’un coup.
J’entends par là que le sujet peut entrevoir sa réelle identité suite à ses symptômes en déconstruisant ses croyances ou fonctionnement limitants qui l’ont aidé jusque là à (sur)vivre et entrevoir/appréhender ses propres « richesses intérieures » tout en les rendant adaptatives au sein de la société auquel il appartient ?
« découvrir sa réelle identité » est sans doutes un désir abstrait plus qu’une réalité, c’est mon avis. Il me semble que l’on peut prendre conscience de désirs et d’aspirations profondes et choisir de les vivre, de créer du changement en nous et autours de nous.
Ce serait en cela que l’accompagnement thérapeutique prend tout son sens pour permettre au « consultant » de sortir progressivement du conflit interne qu’il anime dans cet excès de refoulement et trouver une voie dite du milieu plus acceptable pour lui dans le respect de soi mais aussi du milieu dans lequel il continuera d’évoluer.
Je suis en accord à 100% avec cette conclusion Marie. « Définir une nouvelle stratégie adaptative plus écologique et « positive » avec le consultant » (peut-être pas dans le cadre de la psychologie mais dans celui du coaching très certainement).
J’aurais peut-être dû poser mes questions dans la rubrique « échanges de pratiques » pour la 2 ème partie de mon message ?
La question est aussi très pertinente ici.
Je clos ici mes réflexions,
Merci pour vos messages.
Équipe Théolis
Bonjour à tous,
Camille, avant de répondre à ton interrogation sur la notion de refoulement, je tiens à relever la justesse de tes propos sur l’abord psychologique que tu as au sujet des questions posées, et je suis en accord avec ce que tu dis dans tes réponses faites à Marie.
La notion de refoulement est effectivement liée à un mécanisme strictement inconscient. Si le rejet se fait de façon consciente, on parlera davantage d’un refus, d’un renoncement. Le refoulement marque la force de l’inconscient qui garde et/ou protège ce qui ne doit pas sortir, c’est pourquoi le refoulement est nommé mécanisme de protection qui contient l’angoisse inhérente aux désirs et pulsions.
Aux plaisirs de nos prochains échanges
Audrey
Étudiant(e)
Bonjour Audrey et Camille,
Quelles richesse de lire vos 2 interventions qui me poussent encore plus dans mes réflexions personnelles et professionnelles. Je vous en remercie pour ces échanges qui étayent vraiment ma réflexion également.
Je faisais référence au point théorique qu’Audrey a abordé dans ce chapitre sur les névroses avec cet excès de refoulement dans nos sociétés, inconscient tout à fait, qui permet à l’individu de vivre de manière la plus adaptée en société. En fait je voulais souligner que cet excès de refoulement que l’on peut retrouver chez certains individus peuvent être tout à fait délétères pour l’identité d’une personne qui au prix de ce conformisme se laisse pour compte en tant que sujet.
Effectivement les pulsions morbides par exemple ont leur intérêt majeurs à être relayés dans l’inconscient pour permettre la vie en collectivité. Et je suis complètement en accord avec ce que vous dites Camille. Merci de le souligner. Bien heureusement que des mécanismes de protection comme le refoulement nous permettent de nous rendre adaptable à cette vie de groupe sans quoi elle serait vaine.
Pour donner un exemple concret, dans mes accompagnements en thérapie olfactive, je remarque souvent un refoulement accru de désirs de mes consultants dans leur histoire personnelle. Par le biais d’une odeur qui peut ouvrir cette porte à l’inconscient, émergent dans le pré-conscient puis à la conscience (Audrey si je ne me trompe pas) le refoulement qui a eu lieu (événements, situations, croyances…) dans le fait de ne pas s’autoriser à accueillir leurs désirs, les entendre et potentiellement à les incarner.
C’est en cela que cet excès de refoulement peut constituer un « frein névrotique » plongeant l’individu dans une grande souffrance en se mouvant dans une existence sans joie de vivre pilotée par la morale, l’éducation, le devoir ou encore le désir des autres.
Bien entendu, je ne parle pas ni des désirs dangereux et immoraux mais bien ici des désirs qui peuvent nous conduire vers des buts pleinement humains ni l’assouvissement tout azimut sans consciencede tous ses désirs sans aucun respect pour soi et pour l’autre. Il n’est pas question de cela dans ce que je voulais énoncer.
Camille, je suis d’accord aussi sur le fait qu’il soit illusoire de « découvrir sa véritable identité ». Ce n’est pas facile de poser à l’écrit le fond de sa pensée. Je vous rejoins dans le fait que celle-ci s’appréhende et s’étaye au fil de ses expériences concrètes qui permettent de confirmer ou d’infirmer certaines d’elles. Mais il faut parfois du courage pour oser poser le 1èr pas dans cette réalité pour aligner ses désirs, ses valeurs, ses pensées en cohérence avec ses actes. Mais là encore si un excès de refoulement inconscient (ou encore un renoncement plus conscient) est présent comment l’individu peut-il se permettre de vivre cela ? Si le refoulement se place à ce niveau là il n’est peut-être pas (encore) conscient de cela et une « crise », que j’espère salutaire, va lui permettre cet « appel » que vous évoquez.
L’acceptation inconditionnelle en thérapie de l’identité d’un sujet telle qu’elle se présente à nouveau, je vous rejoints à tous les deux est un point capital dans la perception qu’il en aura de lui-même dans cet espace neutre, bienveillant et empathique que nous pouvons permettre ou il pourra puiser en lui les ressources nécessaires pour s’ affranchir peut-être ou pour réaliser comme vous le préciser Audrey, les bénéfices secondaires qu’il en retient avec peut-être plus d’acceptation ?
Merci de me préciser Camille que mes questions ont leurs places dans cette rubrique aussi.
Un grand merci à vous !
Bonne journée,
Marie
Équipe Théolis
Merci pour ces retours constructifs :o)
La notion de refoulement est effectivement liée à un mécanisme strictement inconscient. Si le rejet se fait de façon consciente, on parlera davantage d’un refus, d’un renoncement.
Si comme tu le dis Audrey, le refoulement est uniquement inconscient, je pense qu’il ne serait pas faux de dire que la maturation personnelle (ou spirituelle, dans le sens premier de l’étude de l’esprit) consiste, entre autre, à passer du refoulement au « renoncement », par le questionnement de nos conditionnement, blocages, pensées et attitudes et leur observations. Je suis étonné de constater que plus le temps passe, plus je découvre en moi un ensemble de pulsions, désirs et blocages que je ne soupçonnait même pas il y a dix ans ! Et pourtant, ils devaient bien y être déjà.
Cela me rend un peu rêveur de contempler alors ce champ (inconnu) de tout ce qui n’est pas encore passé à la conscience…
Bouddha disait « Il n’est rien chez un autre qui ne soit en nous-même ».
Une conscience élargie de nos pulsions, désirs, blocages, nous ouvre le champ de la tolérance et de la compréhension.
Peut-être, comme vous le disiez Marie, le vrai danger est une sur-abondance de conditionnements (inconscients) que nous n’aurions pas consciemment validés et j’aime l’idée (est-elle vraie ?) selon laquelle la crise serait une tentative de l’inconscient (ou de l’âme, ou quel que soit son nom et sa nature) pour créer une rupture et un changement…
Bien entendu, je ne parle pas ni des désirs dangereux et immoraux mais bien ici des désirs qui peuvent nous conduire vers des buts pleinement humains ni l’assouvissement tout azimut sans conscience de tous ses désirs sans aucun respect pour soi et pour l’autre. Il n’est pas question de cela dans ce que je voulais énoncer.
Dans le cadre de ce que je disais juste avant, il me semble que tous les désirs, pulsions et autres mécanismes méritent de remonter à la conscience pour être soit choisis soit consciemment « renoncés ».
N’exprimons-nous pas notre liberté uniquement face à nos choix ? Et, comme vous le disiez Marie, grâce à ces choix et ce regard nous exprimons (créons ?) peu à peu notre personnalité.
Merci à vous deux pour cet échange stimulant.
Étudiant(e)
Bonsoir,
Merci à vous Camille pour votre dernière intervention que j’ai découvert un peu tardivement.
Elle nourrit grandement ma réflexion. Je me sens en accord avec ce que vous relatez dans l’expérience humaine qui est la mienne et dans mes accompagnements par la thérapie olfactive qui ont permis un élargissement du champs de la conscience de mes consultants avec une plus grande liberté dans les choix plus conscients et plus respectueux d’eux-même au fil du temps ou dans le maintien de bénéfices secondaires de ses défenses (comme vous l’avez évoqué également Audrey).
Effectivement la (re)mise en lumière de désirs, pulsions, émotions, blocages qui ont été refoulés jadis ou qui jaillissent dans le champs de la conscience ( de manière inopinée, en réaction à un événement ou encore grâce à un accompagnement thérapeutique) n’ont pas finit de nous surprendre et de bouleverser ce que l’on croyaient savoir de ce concept d’identité. J’aime cette idée que nous sommes comme le créateur d’oeuvres mais qu’en aucun cas on ne peut clairement s’identifier à une oeuvre en particulier tellement nous sommes animés par la co-existence de différents flux (mentaux, émotionnels, pulsionnels…) qui nous bercent dans cette impermanence du flux de la vie elle-même.
La notion d’identité comme vous l’évoquiez Audrey, et je vous en remercie, est difficile à définir de manière universelle. Tenir compte de la façon dont le consultant la vit de manière intrinsèque et comment il se sent dans l’affranchissement ou non de cette dernière dans le regard de l’autre est un point que je retiens pour mes accompagnements futurs.
Encore merci à tous les deux. Oui cela est fort stimulant ces échanges !
Bonne soirée
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